27 février 2015

4. La Comunauté européenne n'est pas un 'Super-Etat'



Ses fonctionnaires sont peu nombreux. La bureaucratie de Bruxelles n’est pas plus grande que celle d’une petite ville ou d’une entreprise moyenne. L’administration européenne coûte seulement une petite proportion du PDB (produit domestique brut): environ un pour cent. Les États-Unis dépensent plus de vingt fois cette proportion, et pourtant, les institutions fédérales n’ont pas l’obligation de traduire tous les documents dans une vingtaine de langues nationales! 

Il n’y a pas de ‘Super-État’ européen; ce n’était pas le but de Robert Schuman.

Il ne s’agit pas de fusionner des États, de créer un Super-État. Nos États européens sont une réalité historique; il serait psychologiquement impossible de les faire disparaître. Leur diversité est même très heureuse, et nous ne voulons ni les niveler ni les égaliser.[1]

Aucun ‘melting pot’ (creuset des peuples) n’a été réchauffé dans l’Union Européenne. Au contraire, le droit supranational a créé un paradoxe communautaire: en partageant la souveraineté, les États-membres ont créèrent des pouvoirs s'amplifiant davantage. Ils ne perdirent que les mauvaises habitudes: les  tendances nationalistes convoitées, les entraves douanières, les normes réglementaires discordantes, la monnaie faible, l’inflation, les statistiques déformées et le chauvinisme de l’information.

Ils gagnèrent avec une fierté nationale réelle en contribuant à établir un nouveau bien-commun communautaire, à redécouvrir notre civilisation commune, la prospérité, le marché unique et des nouvelles spécialisations devenues possibles, une devise d’importance mondiale, plusieurs sortes de libertés de circulation, d’informations et de cultures. … Et surtout la paix et la sécurité sans les armes.

Cette nouvelle structure de droit et de solidarité a permis aux Français de rester Français, aux Allemands de demeurer Allemands, et les Britanniques (bien que quelques-uns uns refusent toujours de le croire) peuvent se réjouir de leur ‘Britishness’.

Robert Schuman, Jalonneur de la Paix Mondiale
David Heilbron Price
ISBN: 978-1-291-43392-0



[1] Schuman: Pour l’Europe, p24. Cette phrase est peut-être un correctif à celle de Jean Monnet qui a parlé de fusion de souveraineté (Mémoires, p390. Paris 1976.) Schuman expliquait que les intérêts seraient fusionnés dans une communauté d’intérêt et de destin, mais que les gouvernements resteraient libres dans une démocratie européenne. C’est une différentiation juridique importante.